dimanche 31 juillet 2016

Les Dragons Stochastiques, première partie : l'Attente.

J'ai passé l'année précédente à rédiger ce synopsis très détaillé de mon roman, mais les vicissitudes de la vie ont fait que je l'ai un peu laissé de côté. Ce soir, à l'occasion d'une discussion sur Twitter, j'ai éprouvé le désir de le partager. Voici donc le résumé de la première partie. Les autres parties suivront très prochainement.

1. L'attente.


Paris, 2037, longtemps après la Crise.

Hugo est un ancien cadre vivant dans une communauté autogérée sise dans l'ancien centre commercial de la Place d'Italie, La fourmi courant sur le béton en portant une brindille plus grande qu'elle. Il s'agit d'un atelier communautaire. En échange d'un droit d'entrée à la journée, les clients peuvent utiliser les machines qui s'y trouvent regroupées en différents ateliers : imprimantes 3D, machine à coudre, découpeuse laser, four à céramique, etc.

Hugo travail à la Forge avec Marc, son maître de forge. Ce dernier lui a fabriqué son corset orthopédique lui permettant de ne pas ressentir la douleur permanente à cause d'un accident ayant endommagé sa colonne vertébrale.

Lorsqu’Hugo ne s'occupe pas de la maintenance des machines, ou de l'assistance aux clients dans leurs productions, il créer ses propres pièces, comme en ce moment, un masque de métal.

La matière première a été récupérée sur la carcasse d'un avion furtif qui s'est écrasé près de Paris durant la dernière guerre. "Je me fais un masque dans la peau d'un monstre disparu", songe-t-il. La plupart des gens portent des masques à l'extérieur pour se protéger des tempêtes de pollen et de la pollution, bien qu’Hugo pense qu'elle est moindre qu'avant la Crise.

L'organisation de l'atelier communautaire permet à Hugo de ne travailler que quatre heures par jours. Il finit sa demi-journée de travail à la Forge, croise dans le couloir sa fille Aurore (alias ThµYia), va déjeuner avec elle.

Aurore est la fille d'une ex-petite amie d’Hugo. Elle s'est présentée à lui un an auparavant, lorsqu'elle est arrivée sur Paris pour entreprendre des études d'ethnologie.

Hugo, bien qu'évasif sur le sujet, se souvient qu'il ne sait toujours pas si elle est sa fille ou sa belle-fille. Aurore est nerveuse : elle travaille à titre personnel sur un projet de rêve lucide commun avec des rêveurs disséminés dans le monde entier, et demande à Hugo si elle peut dormir dans son appartement pendant une semaine. En effet, le but de son expérience du moment est de s'enregistrer en train de dormir, et, lorsqu'elle deviendra consciente de ses rêves, d'envoyer un signal aux autres participants de l'expérience qui la surveilleraient à travers le réseau (descendant d'internet, en plus lent). Sa demande est justifiée parce que La Fourmi possède le réseau le plus rapide qu'elle connaisse. Hugo est d'abord réticent : lorsque Aurore est arrivée sur Paris, elle a habité quelques semaines dans son appartement avant d'en trouver un, et leur cohabitation a été difficile vers la fin. Finalement, il accepte.

L'après-midi, Hugo assiste à l'assemblée générale de La Fourmi. Pour mener celle-ci, les participants utilisent un langage des signes permettant presque de faire émerger l'intelligence collective de l'Assemblée, comme si elle était un être conscient dont la sagesse serait supérieure à la somme de ses parties. Les groupes de travail se succèdent, jusqu'au porte-parole du groupe Energie et Progrès, Arthuro, un grand Noir tiré à quatre épingle. Il informe l'AG qu'il a pris contact avec un homme affirmant avoir découvert la fusion froide, et prêt à faire une démonstration, demande à l'AG si ce projet est compatible avec l'Ethos de la communauté.

L'AG est d'accord. Pas Hugo, qui s'insurge, prend la parole à la suite d'Arthuro. Pour Hugo, l'idée de fusion froide est une hérésie : si durant la Crise personne n'a été en mesure de la développer malgré l'intérêt qu'elle représentait tandis que le pétrole s'épuisait, c'est qu'elle est impossible. Il doit donc s'agir d'une supercherie, et se fourvoyer dans cette voie entacherait la réputation de La Fourmi. Mais ses arguments ne convainquent pas l'AG. Au contraire, celle-ci suggère qu’Hugo serait le mieux désigné pour tester cette invention.

Après l'AG, Arthuro lui propose de discuter ensemble dans les locaux du groupe de travail Energie et Progrès. Ils y rencontrent Hélène, une experte en physique nucléaire ayant abandonnée la recherche universitaire pour travailler à La Fourmi parce qu'elle avait été dégoûtée par le système officiel, et que la communauté lui permettait d'avoir du temps libre pour se consacrer à ses propres projets. Arthuro pense que l'AG a eu raison de désigner Hugo pour procéder aux tests de l'invention, puisqu'il est le plus sceptique d'entre tous : si lui est convaincu, Arthuro pourra être sûr qu'elle n'est pas une supercherie.

Durant cette conversation, quelqu'un transmet une lettre anonyme à Arthuro, qui a été laissé sur le lieu de réunion de l'AG. L'auteur explique que si Hugo accepte cette mission, il pourrait lui donner des réponses au sujet de sa filiation avec Aurore.

En effet Hugo sait qu'Aurore est la fille d'une de ses anciennes conjointes mortes depuis, mais il ne sait pas s'il est son père. Dans l’ancien temps il aurait suffi d’aller chez des bioteks pour faire un test de paternité pour une somme modique, mais depuis l’épidémie de virus recombinant survenue il y a quinze ans, la PCR ne présente plus aucune fiabilité. Il est nécessaire d’user de méthode plus précises – et donc plus chère.

C'est pourquoi le seul moyen qui pourrait lui offrir une certitude sans dépenser une somme exorbitante (et garantissant un résultat fiable puisqu’assermenté) serait de passer par un tribunal, mais cette procédure est devenue très longue. Or, l'auteur de la lettre anonyme affirme avoir des contacts au tribunal susceptible d’organiser un rendez-vous dans la semaine.

Hugo, ulcéré que l'on puisse essayer de l'acheter ainsi, refuse la proposition.

Le soir, il rentre dans son appartement situé au dernier étage de la tour au-dessus de l'ancien centre commercial. Il prend une douche, regarde dans le miroir son visage mutilé et réparé pauvrement par des chirurgiens à l'aide de cellule souche, songe au passé, à la Crise, puis s'attelle à son plus important projet : créer des systèmes mécaniques collectant le plastique pour nettoyer les océans. En effet, les fragments de plastiques qui les polluent tuent le plancton, premier producteur d'oxygène sur Terre. Hugo effectue des simulations informatiques pour voir si les derniers modèles proposés par les participants du projet peuvent éviter la mort de l'humanité.

Lorsqu'il a fini, il découvre un email : comme le lui a promis Arthuro durant l'après-midi, c'est le dossier complet de ses dialogues avec l'inventeur.

Ce dernier apparaît dans des visioconférences qu’il a faite avec Hélène. L'inventeur, Josselin, est un cinquantenaire très musclé, le torse couvert de tatouage. Malgré son scepticisme, Hugo fait tout de même des recherches sur le sujet durant le reste de la nuit.

Le lendemain soir, comme tous les mercredis, Aurore se rends à la Fourmi pour dîner et passer la soirée avec Hugo. Elle le retrouve au cybercafé, fatigué, travaillant sur quelque chose qu'elle ne comprend pas.

Tandis qu'ils montent ensemble dans son appartement, Hugo lui dit qu'il aura besoin de ses services. Arrivé chez lui, elle voit le masque de métal qu'il a créé. Elle ne le trouve pas beau, mais impressionnant.

Ensuite, Hugo dit à Aurore qu'il a besoin de son intuition pour savoir ce qu'elle pense des vidéos de Josselin.

Après avoir vue celle-ci et analysé ses tatouages (dont un triskèle en entrelacement, inscrit dans un cercle au niveau de son coeur), Aurore lui dit qu'à son avis il est digne de confiance.

Hugo lui explique alors qu'il s'agit d'un chercheur ayant travaillé au Projet ITER à Cadarache, avant la Crise, avant de devenir indépendant. Il décrit aussi la proposition d’Arthuro : cet inventeur a peur d'être rattrapé par les renseignements généraux français, et se cache donc dans une communauté.

Aussi, Hugo devrait utiliser le service du courrier des communautés, un système compliqué garantissant l'intraçabilité entre l'origine et la destination. Cela implique de voyager de communautés en communautés sans connaître la destination finale, en transportant une contremarque dont le contenu est connu du destinataire (en l'occurrence, un paquet de la taille d'un livre de poche, que Josselin a préalablement envoyé à Arthuro).

Mais de toute façon selon Hugo, Josselin est un escroc qu'il soupçonne de proposer son invention à la Fédération, avec ce plan alambiqué, à seule fin que les renseignement généraux s'y intéressent et finissent par la lui acheter.

Malgré cela, Aurore, enthousiaste, tente de convaincre Hugo d'accepter cette proposition : cela leur permettrait de faire un voyage ensemble. De plus, elle pourrait acquérir de l'expérience sur le terrain en rapport avec ses études d'ethnologie.

Hugo utilise alors un logiciel de carte heuristique avec lequel il énumère les arguments contre cette idée : il ne peut pas se déplacer à cause de son dos, il ne croit pas à la fusion froide, etc. Manipulant littéralement les pensées d’Hugo en déplaçant ses arguments sur la carte, Aurore les réinterprète pour en faire des arguments en faveur de ce voyage. Par exemple, la marche pourrait s'avérer meilleure pour son dos que le travail statique à la Forge, etc.

Finalement, Hugo accepte ses propositions - mais n'envisage pas encore d'amener Aurore avec lui, d'autant qu'elle s'est engagée auprès de son groupe de rêveur à mener à bien son expérience sur le rêve lucide. Ce n’est qu’après avoir accepté qu’Hugo lui dit aussi, comme un détail, que cela leur permettrait de procéder à un test de paternité fiable – ce qu’Aurore n’a jamais souhaité faire, mais elle n’en fait pas état à Hugo. En effet elle a l’impression que quelle que soit l’issue de ce test, négatif ou positif, il aura des conséquences sur leur relation.

Comprenant que son acceptation est soumise à la réussite de son expérience, Aurore la mène à bien dès la première nuit. D'ailleurs, ce rêve est étrange. Elle s'y voit dans le rôle d'une espionne genre Mata-Hari, rencontrant Josselin sur une île.

Le lendemain Hugo en parle avec Marc, puis va voir Arthuro pour lui dire qu'il accepte, à une seule condition : qu'il convainc l'inventeur d'accepter qu'Aurore l'accompagne.

Pendant ce temps, Aurore décrit l'organisation de La Fourmi, s'interroge sur la notion de temps de travail, et commence à organiser le voyage à l'aide de quelques membres de la communauté.

Un jour, ils ont une visioconférence avec Josselin. Hugo le provoque en le traitant d'escroc, ce à quoi l'inventeur rétorque qu'il est impatient qu'ils se rencontrent, pour lui prouver qu'il a tort. Hélène, qui a assisté à la visioconférence, bouillonnante de rage, reproche à Hugo d'avoir braqué Josselin. Hugo explique que ce n'est pas le cas, et qu'au contraire, la conversation s'est très bien déroulée.

La semaine commence avec une nouvelle rotation pour Hugo : il a passé plus de deux mois à la Forge, et doit donc travailler dans un autre atelier, à choisir parmi trois propositions. Il se trouve qu'Hélène travaille en ce moment à l'atelier Couture, ce qui lui permet de mettre ce temps à contribution pour qu'elle lui enseigne des bases en physique nucléaire. Alors qu'ils se détestaient, ils finissent, non pas s'apprécier mutuellement, mais par se respecter.

Aurore les rencontre un jour pour leur dire où elle en est de la préparation du voyage, montre à Hugo la liste des contenus de leurs sacs respectifs. Elle a peur qu’il ne soit pas d'accord, mais finalement il lui dit qu'elle n'aurait pas pu mieux se préparer. En revanche, Aurore a besoin de chaussures de marche, à la place de ses bottines à talons hauts.

Ils vont donc voir un ancien militaire possédant un simulateur de marche avec réalité virtuelle, pour lui fabriquer des chaussures sur mesure. Aurore, par défi, marche sur le tapis roulant bien plus longtemps qu'il n'est nécessaire pour recueillir les données utiles à la fabrication de ses chaussures - pendant plus de cinq heures.

Enfin vient la veille de leur départ, un dimanche. Ils passent la journée ensemble, assistent à une exposition sur les mouvements révolutionnaires d'avant la Crise, d’Anonymous au Amazones, en passant par les Indignés et NuitDebout. Alba, une camarade de classe d'Aurore qu’Hugo a déjà rencontré et qu'il apprécie, les rejoints. Celle-ci, fille d'un riche industriel, lui donne un numéro de compte en banque en cas de problème.

Une fois sortis de l'exposition, Aurore et Hugo vont dans un restaurant qu'appréciait beaucoup la mère d'Aurore, lorsqu'elle sortait avec Hugo. C'est la première fois qu’Hugo parle d'elle sans que ce soit négatif. Aurore lui demande ce qu'il a pensé de l'exposition, étant donné que ces mouvements révolutionnaires sont l'embryon dont est issu les communautés qui parsèment la France tandis que le reste de la population a préféré voter pour des mouvements plus autoritaires ; Hugo a plutôt l'impression que c'était un brouillon, une idée venue trop tôt, une branche disparue de l'évolution, par rapport à ce qui a été développé par la suite.

En rentrant à La Fourmi, ils croisent Marc qui leur donne à chacun un cadeau : pour Hugo, un couteau papillon en titane, invisible lorsqu'il est inséré dans son corset orthopédique au niveau de sa nuque, et pour Aurore, un pendentif qui, une fois brisé, révèle une lame en obsidienne, plus tranchante qu'une lame de rasoir.

Aurore et Hugo passent leur dernière nuit dans son appartement, à regarder un film. Alors qu’Hugo est endormi, Aurore médite sur le monde, et sa place dans celui-ci, tout en pensant à ce qui l'attendra le lendemain.