mercredi 7 septembre 2016

Les Dragons Stochastiques : Urbex 31

Après avoir résolu un conflit entre deux groupes de nomades, nos héros poursuivent leurs route toujours plus loin vers le sud, avec ceux du groupe Urbex 31, des explorateurs urbains parcourant les ruines laissés par la Crise...

Lien vers la partie précédente : L'hippocampe Rieur.


Urbex 31.


Les membres de cette communauté nomade ont une discipline presque militaire, et possèdent du matériel d'escalade et des gadgets électroniques de pointe. Pour les remercier d'avoir régler le conflit les opposants à l'Hippocampe, ils leur proposent de les accompagner dans une de leur exploration.

Le satellite militaire abandonné qu'ils ont hacké (ce qui fait halluciner Hugo - en fait ce n'est pas eux, mais une grande communauté d'informaticien libristes ayant élus domicile dans les tours de La Défense en ruine, les Numéristes), a détecté un vide immense sous un ancien manoir en ruine, trop grand pour être un abri anti-nucléaire classique.

Arrivé dans l'abri nucléaire, effectivement beaucoup trop grand, sans doute construit par une secte en prévision d'une apocalypse qui n'est jamais survenue (la Crise a été si lente qu'elle ne peut pas être considéré comme telle), ils constatent qu'un tunnel mène à une destination inconnue.

Ils le prennent, marchent de longues minutes pour arriver dans une salle gigantesque, couverte de carrelage noir et blanc, en-dessous d'une verrière en dôme laissant passer une lumière verte : cette pièce secrète a été construite sous un lac à proximité du manoir.

Tandis que les Urbexiens fascinés prennent des photos à l’aide d’antiques appareils numériques hors de prix, Aurore ouvre une porte d'où s'échappe un flot de papillons blancs qui s'engouffrent dans le tunnel d'entrée.

Dans la pièce, Aurore trouve une gourmette avec un coeur sous une couche de fine cendre noire.

Après avoir pris ce bijou en photo, l'une des Urbexiennes lui dit qu'il lui appartient désormais, mais il lui faut bien réfléchir à ce qu'elle en fera puisqu'il a appartenu à quelqu'un l'ayant porté et aimé.

Une fois revenue à la surface, dans la forêt près du manoir, Aurore discute avec un Urbexien, Mercure, qui lui propose d'abandonner sa mission pour les suivre et vivre des choses aussi intense que durant cette exploration.

Bien qu'Aurore soit attirée par lui, elle décline sa proposition, mais ils font l'amour dans la forêt. Au moment de jouir, un rat mord la main de Mercure. Une fois qu'ils ont finis, elle pose la gourmette sur une souche d'arbre, qu'une pie va prendre, pour l'emporter vers le soleil.

Aurore et Mercure retrouvent les autres Urbexiens, Hugo jouant avec la guitare de l'un d'eux.

Le soir, Aurore fait à nouveau l'amour avec Mercure.

Le lendemain, tandis qu'ils sont enfin en vue de l'étape suivante, Aurore songe à ce qu'elle vient de faire, qui ne lui ressemble pas : bien qu'elle ait eu le coup de foudre pour Mercure, elle n'aurait jamais imaginée, elle, qui avait été mariée à un homme qu'elle avait connue depuis son enfance, faire l'amour avec un autre dont elle ne connaît même pas le prénom.

Hugo, qui se doute de ce qu'elle a vécu, lui demande si elle va bien tandis qu'ils arrivent enfin à Rayon de soleil pourpre du crépuscule entre les branches dénudées par l'hiver précoce, justement au crépuscule.

Suite : Rayon de soleil pourpre du crépuscule entre les branches dénudées par l'hiver précoce.

mercredi 31 août 2016

Les Dragons Stochastiques : l'Hippocampe Rieur


Pensant être bloqué dans le Scarabée sur la Fontaine, phalanstère dédié au transhumanisme et à la recherche de l'immortalité, nos héros croisent des nomades qui acceptent de les rapprocher de leur prochaine destination...

Lien vers la partie précédente : Le scarabée sur la Fontaine.

L'Hippocampe Rieur.


Les héros partagent leurs vies avec ces nomades pendant quelques jours, allant dans des lotissements de banlieues abandonnées pour récupérer les fils de cuivres, puis les écossant de leurs gaines de plastique. Dans l'un des lotissements, ils croisent un autre groupe de nomades, Urbex 31, des explorateurs urbains se prenant pour des archéologues des décennies précédentes. Il y a un conflit de territorialité : les recycleurs se réservent les maisons individuelles, tandis que les Urbexiens utilisent les structures plus grandes comme les hôpitaux, les châteaux et les usines pour en vendre la localisation aux communautés qui se forment, désireuses de trouver l'endroit idéal pour s'épanouir. Or, le lotissement dans lequel ils se trouvent est situé dans l'enceinte d'une ancienne caserne de CRS.

Pour les Urbexiens, elle fait donc partie de leurs prérogatives, d'autant plus qu'ils ont déjà proposés cet endroit à une communauté.

Hugo voit la situation d'un très mauvais oeil : aucuns des deux partis ne souhaite en référer à la Fédération, puisque sa décision prendrait des mois. Donc, soit ils vont en venir aux mains, soit ils désignent Aurore et Hugo comme médiateurs.

Mais Hugo ne voit pas comment il est possible de trancher sur ce cas, et est pratiquement prêt à s'enfuir.

"Qu'est-ce que dirait un vrai phalanstérien ?", lui demande Aurore, exaspéré par son pessimisme. Hugo y réfléchit, sans trop de sérieux, de manière purement abstraite, mais la suggestion qu'il émet semble satisfaire les deux partis : Urbex 31 offre à l'Hippocampe un géoradar permettant de trouver les décharges sauvages enfouies, et L'Hippocampe renonce à exploiter les systèmes électriques des maisons du lotissement.

Une fois la négociation terminée, Aurore et Hugo continuent leur route avec Urbex 31, puisqu'ils descendent plus loin dans le sud.

Suite : Urbex 31.

lundi 22 août 2016

Les Dragons Stochastiques : le scarabée sur la fontaine


Après quelques jours passés sur les routes à bord d'une camionnette, nos héros arrivent à leur destination suivante...

Lien vers la partie précédente : Les dragons stochastiques : le Coeur de la Route.

Le scarabée sur la fontaine.


Les héros arrivent finalement au Scarabée sur la Fontaine, des libertariens fans de Ayn Rand à la recherche de l'immortalité, qui ont édifiés leur communauté dans l'ancien parc de Vulcania.

Puisque la poste n'est pas encore ouverte, ils prennent une chambre d'hôtel, vont déjeuner dans un restaurant. Hugo prend un steak-frite (alors que la viande est tellement chère que c'est un luxe d'en manger plus de deux fois par semaine), ce qui révulse Aurore, végétarienne convaincue. Après avoir parlé de la philosophie des libertariens, et qu'Aurore ne comprends pas pourquoi Hugo déteste ces derniers, ils en viennent à se quereller au sujet de ses relations avec sa mère. Finalement, ils partent chacun de leurs côtés, conviennent de se retrouver le soir dans la chambre d'hôtel.

Hugo va à la poste, trouve le nom de la prochaine étape : Rayon de soleil pourpre du crépuscule entre les branches dénudées par l'hiver précoce, situé dans une forêt en Province.

Aurore visite la communauté, rencontre un homme qui lui propose un pacte d'immortalité : en échange d'une forte somme d'argent mensuelle, son cerveau sera scanné et transféré dans un ordinateur, qui certes tournera au ralenti, mais restera conscient. Aurore s'interroge : si sa conscience d'elle-même est transférée dans un ordinateur, elle lui demande ce qu'il adviendra de son âme, question à laquelle il est incapable de répondre. De plus, elle s'interroge sur la mort : cette communauté offre l'immortalité, mais les personnes qui l'achètent sont plutôt une exception qu'une règle. Elle en déduit que la plupart des hommes veulent une vie bien remplie, avec un sens, et non une vie longue. Reste qu'elle n'a pas encore trouvé le sens de la sienne.

Le soir, la communauté organise une soirée An 2000 - évidemment ratée, au moins du point de vue des déguisements. Là, Hugo reste au bar en regardant les danseurs, se bourre la gueule whisky-(ersatz de)-Coca en fumant des (copies de) Marlboro, ce qui lui rappelle sa jeunesse. Il finit par aborder une femme dont il ne reconnaît pas le déguisement.

Pendant ce temps, Aurore, qui participe aussi à la fête, tente de s'imprégner de l'Esprit des Années 00, essaie de comprendre cette époque, ce monde clinquant et tapageur qui lui est complètement étranger.

Elle a d'ailleurs des opinions très personnelles sur l'origine de la décadence du monde d'avant : les hommes de cette époque consommaient trop de viande, et surtout, celle-ci était nourrie avec des plantes dopées à l'engrais fait à partir de gaz naturel ou de pétrole. Ce dernier est issu d’espèces disparues depuis des millions d'années, qui se sont chargés, dans les profondeurs de la Terre que la lumière du soleil n'a jamais atteint, d'une chose noire et mauvaise. Il était donc inévitable que les hommes mangeant des produits conçus ainsi soient devenus mauvais - c'est aussi la raison pour laquelle elle ne touche jamais de plastique issu du pétrole.

Elle discute avec des résidents du Scarabée, qui lui expliquent leur philosophie. Elle finit par comprendre que leur système est structurellement inégalitaire.

Un dealer, avec qui elle a discuté de la raison de ses études en ethnologie (aller en Amazonie à la recherche d'une tribu de rêveur), lui propose une drogue similaire aux substances qu'ils utilisent. Voulant s'imprégner de tous les excès des années 00, sans écouter les mises en garde du dealer, Aurore absorbe la drogue immédiatement.

Hugo, de son côté, embrasse la femme qu'il a abordé. C'est lorsqu'elle ouvre un des crochets de son corset orthopédique qu'il dé-saoule, et se rends compte de ce qu'il est en train de faire : la femme est déguisée en Paris Hilton, la pire représentation de la superficialité de cette époque révolue.

Il l'abandonne pour chercher Aurore, qu'il a croisée auparavant. Il la retrouve dans les toilettes, délirante, la ramène à la chambre d'hôtel.

Là, il lui fait prendre une douche glacée, lui dit qu'elle fait un bad trip. C'est le cas : Aurore a des hallucinations où elle voit l'intérieur du corps d’Hugo. Dans sa cage thoracique, une énorme araignée lui dévore le coeur.

Le lendemain au réveil dans la chambre d'hôtel, Hugo reproche à Aurore d'avoir été irresponsable, à se droguer ainsi. Alors qu'il est sous la douche, Aurore quitte la chambre d'hôtel avec ses affaires.

Hugo la retrouve au départ de la navette vers Clermont-Ferrand, décidé à abandonner cette mission. La raison de sa nervosité est qu'elle a peur : comme l'a promis Arthuro, le résultat du test de paternité arrivera à la fin de la mission.

Si Hugo est vraiment son père, elle ne saura jamais si c'est par obligation qu'il continue de s'occuper d'elle, ou si c'est sincère. S'il ne l'est pas, cela voudrait dire qu'elle n'est que la fille de sa mère, qu’Hugo déteste, et qu'il finira donc par rejeter Aurore.

Hugo ne sait pas quoi penser. Tandis que la navette repart, il promet à Aurore de retrouver au moins les raisons pour lesquelles il a aimé sa mère, et qu'il ne l'abandonnera pas quelle que soit l'issue du test.

Il n'y a qu'une navette pour Clermont-Ferrand par demi-journée. Par chance, ils croisent des nomades qui ont fait escale au Scarabée, et qui descendent dans le Sud. L'Hippocampe Rieur est une communauté nomades de récupérateurs, qui recyclent les fils électriques en cuivre dans les maisons abandonnées, ou les métaux précieux dans les décharges sauvages.

Suite : l'Hippocampe Rieur.

jeudi 18 août 2016

Les Dragons Stochastiques : le coeur de la route.

Un chapitre sous la forme d'une sorte d'entracte, pour nos héros, qui sont sur les routes, entre deux phalantstères, après avoir quittés L'Axoltl SERIEUX...

Lien vers la partie précédente : Les Dragons Stochastiques : l'Axolotl SERIEUX.

Le Coeur de la Route


Hugo et Aurore se retrouvent donc sur les routes, à bord d'une camionnette qu'ils doivent convoyer jusqu'au Scarabée sur la Fontaine. Ils s'arrêtent à un restaurant routier. Aurore médite sur la vie des routiers, qui parcourent des routes sans s'arrêter, hormis à ces stations, et songe à la vie d'avant la Crise, lorsque c'était plus fréquent : elle se met à comprendre le plaisir qu'on peut ressentir, à parcourir ainsi les routes au coeur de la nuit. Elle rencontre une auto-stoppeuse (Rachelle) vêtue d'une veste en cuir, propose de l'amener. Lorsqu'elles reviennent à la camionnette, Hugo n'est pas d'accord, mais fini par céder.

A un autre arrêt, Hugo explique sa réticence à Aurore : cette fille est une Amazone, communauté nomade de sorcières misandre à tendance écologique parcourant le monde sur leurs motos, et elle fait son initiation, qui consiste à se prostituer jusqu'à pouvoir se payer une moto. Et Hugo ne fait pas confiance aux nomades.

Cela est justifié : le lendemain d'une nuit passé dans une forêt, Hugo se réveille en constatant que Rachelle s'est enfuie durant la nuit en lui volant un cristal de roche qui lui venait de la mère d'Aurore. Quoi qu'il ait toujours affirmé à Aurore qu'il détestait sa mère une fois qu'ils s'étaient quittés, lorsqu'il constate ce vol il entre dans une colère noire, ce qui ne devrait pas être le cas s'il n'avait plus aucun sentiment pour elle.

Arrivé à ce stade de l'histoire, Aurore se permet une digression pour expliquer au lecteur la nature de leur relation, puisque ce sera important pour les chapitres suivants. En effet peu avant de mourir, sa mère lui avait confié que son vrai père était peut-être encore en vie. Puis Aurore s'est mariée (avant d'avoir eu le bac), a divorcé, a repris ses études sur Paris.

Un jour, elle a tiré des cartes de tarot en demandant comment retrouver son père. Les cartes l'ont menée jusqu'à La Fourmi. Mais Aurore n'y a pas trouvé Hugo. Elle a continué à déambuler dans le quartier, jusqu'à se retrouver au bord de la Seine, au pied d'une péniche où était donné un concert de metal, y est entrée. Hugo assistait aussi à ce concert.

Ils ont discutés ensemble jusqu'à la fin de l'heure des métros, puis Hugo lui a proposé de venir chez lui, ce qu'ils ont fait. Une fois dans l'appartement d’Hugo, ils ont de discutés de la vie, de l'art, et de ses études, avant de s'endormir. Aurore avait complètement oublié les cartes, et ne pensait pas du tout qu'elles avaient pu dire la vérité. Elle pensait simplement qu'elles l'avaient amenées à faire une rencontre intéressante.

Cependant le lendemain, Hugo a dit une chose que seul l'amant de sa mère aurait pu dire. Aurore fut horrifiée, et lui demanda s'il l'avait connue. C'était le cas. Lorsqu’Hugo compris, il couvrit sa mère d'injure et ordonna à Aurore de partir, ce qui surpris cette dernière puisque sa mère lui avait dit qu'ils s'étaient aimés. Finalement, Hugo a accepté de l'héberger le temps qu'elle trouve un appartement, à la place de sa capsule de deux mètres carrés dans le premier arrondissement. Leur cohabitation, vers la fin, a été très difficile, surtout lorsqu'Aurore découvrit qu’Hugo portait toujours sur lui un morceau de cristal de roche similaire à celui que portait sa mère, ce qui impliquait qu'il devait encore avoir des sentiments pour elle, alors qu'il prétendait que c'était une pure habitude.

Suite : le Scarabée sur la Fontaine.

vendredi 12 août 2016

Les dragons stochastiques : présentation

Roman de SF éco-punk





"Le futur. Dans une France revenue aux capacités énergétiques des années 50 suite à la Grande Crise, avec cependant des restes disparates des technologies d'avant, où un gouvernement autoritaire s'efforce tant bien que mal de maintenir l'ordre.

Hugo, ancien cadre d'entreprise qui a su s'adapter à ce monde, habite un des phalanstères auto-gérés qui parsèment le monde en dehors du système précaire en place, dans un Paris à moitié en ruine où il a retrouvé par hasard Aurore, la fille d'un de ses amours passagers dans le Monde d'Avant. Un jour, l'Assemblée Générale du phalanstère lui donne pour mission de retrouver un inventeur qui affirme avoir découvert le secret de la Fusion Froide, ce qui pourrait radicalement changer les choses.

Aurore le convainc d'accepter cette mission malgré son scepticisme, et de l'accompagner afin de rédiger un mémoire dans le cadre de ses études en sociologie.

Débute alors un voyage à travers des paysages subissant des phénomènes météorologiques étranges, conséquences des changements climatiques, où ils découvriront des communautés s'étant chacune adaptée à la Grande Crise en adoptant des modes de vies, des philosophies, des convictions et des préférences techniques toutes différentes, allant du rationnel à l'absurde, et au cours duquel ils apprendront à se connaître".

mercredi 10 août 2016

Les Dragons Stochastiques : l'Axolotl SERIEUX.

Dernier chapitre des Premières Stations : après avoir semé un agent des RG, nos héros arrivent en taxi à proximité d'une communauté de bioteks....

Lien vers la partie précédente : Les Dragons Stochastiques : Paradigme de la singularité du grand éléphant.


4 - L'Axolotl SERIEUX 


Hugo a vu dans l'Annuaire que l'entrée à l'Axolotl est soumise à test, ce qui l'inquiète. En l'occurrence, ce dernier est un test de psychopathie, qu'ils passent avec succès.

Entrés dans l'Axolotl, ils sont accueillis par un jeune couple, une femme rousse à la peau laiteuse (Eugenie), et un homme à la peau sombre (Abden), dînent ensemble (dont de la viande artificielle), discutent durant la soirée.

Hugo considère les biotecks, spécialisés en génétique, comme les descendants des salopards qui créaient des OGM. Abden lui explique qu'au contraire, alors que les multinationales de l’agro-alimentaire brevetaient le vivant, les biotek s'inspirent de la philosophie open-source pour leur manipulation génétique, ce qu'Hugo, libriste convaincu, devrait comprendre.

Durant la discussion, Hugo s'aperçoit d'une chose qui l'horrifie : les masques de leurs hôtes, posés sur des présentoirs sur une commode, présentant des zébrures entre deux cuirs de couleurs différentes, un olivâtre et un autre plus claire, sont en fait issus de cultures de leur propre peau. Au bord de la nausée, il doit sortir pour prendre l'air. Aurore le rejoint, lui dit qu'elle ne comprend pas sa réaction, puisque leur philosophie ressemble à la sienne : faire profiter tout le monde du résultat de leur recherche, au lieu de les breveter. La seule différence est qu'ils ne manipulent pas des lignes informatiques, mais du code génétique. Les arguments des bioteks sont logiques, et ils prouvent qu'ils ne sont pas des apprentis-sorciers, mais cela révulse tout de même Hugo. Il se dit qu'il se trouve dans la même situation que moult vieux cons, qui ont été progressistes dans leur jeunesse, et n'acceptent pas les nouvelles évolutions de la société.

Le lendemain, Aurore visite un ancien hypermarché où ont été installés des bassins remplis de bactéries triants les métaux lourds ou produisant du méthane ou du bioplastique. Elle est impressionnée par la taille de cet ancien hypermarché, se demande comment les gens faisaient pour ne pas s'y perdre, lorsqu'ils faisaient leurs courses le samedi après-midi.

Pendant ce temps, Eugenie montre leur dernière création à Hugo : des roses aux feuilles en forme de flèches, qui produisent plusieurs drogues différentes, et pourraient pousser presque partout puisqu'elles peuvent se nourrir avec les sols les plus polluées et sont même capables de digérer le plastique. Hugo est horrifié par cette invention : sans pouvoir dire pourquoi, il y trouve un côté pervers.

Un ordinateur en bois a calculé leur prochaine étape : Le scarabée sur la Fontaine, situé près de Clermond-Ferrant, ce qui est relativement loin. Mais les résidents de l'Axolotl ont une solution : le Scarabée leur a prêté une camionnette qu'ils n'ont jamais utilisés, et par encore rendus (par tabou, ils n'utilisent que la traction animal, et limitent leur utilisation du métal : l'une de leur devise est "La chair est plus forte que l'acier"). Comme Hugo sait conduire, il pourra ramener cette camionnette au Scarabée.

Suite : Le Coeur de la Route.

lundi 8 août 2016

Les Dragons Stochastiques : Paradigme de la singularité du grand éléphant.

Suite du résumé des Dragons Stochastiques : après un accident de voiture qui a fait plus de peur que de mal, nos héros, nos héros se dirigent vers la prochaine étape de leur voyage...

Lien vers la partie précédente : Les Dragons Stochastiques : Les premières stations - L'escargot bleu.


3 - Paradigme de la singularité du grand éléphant


Sur la route, ils croisent une sorte petit robot à six pattes qui aspire le bas-côté de la route. Ensuite, ils pénètrent dans un champ de chanvre s'étendant à perte de vue, puant le cannabis. Ils croisent enfin une sorte de robot géant fait de métal rouillé, actionné par une machine à vapeur, conduit par un homme portant des dreads-lock.

Il les mène jusqu'à l'Eléphant, une communauté installée dans une usine désaffectée. Le Concierge qui les accueille, leur explique les règles de la communauté (pas de drogue dure, pas d'armes, pas de gilet pare-balles, etc.), puis leur suggèrent de prendre une douche à cause de l'eau de la rivière où est tombée la voiture, et ensuite leur propose de dîner avec le reste de la communauté.

Aurore et Hugo n'en reviennent pas : ils mangent des bananes, des oranges, et même des kiwis, fruit qu'Aurore n'a jamais goûté. En effet ces fruits exotiques, facilement accessibles avant la Crise, sont devenus un privilège de riches depuis que la mondialisation et le pétrole bon marché ne permet plus d'en produire et d'en exporter. Pire, les enfants de cette communauté (et il y en a beaucoup) ne finissent même pas leurs assiettes, et jettent les restes dans des poubelles. Aurore voit que cela horrifie Hugo et qu'il doit se faire violence pour ne pas réagir, lui qui a connu la faim durant la Crise, et qui voit le gaspillage de nourriture comme une pratique abominable.

Il est bientôt vingt-deux heures, et les événements de la journée ont épuisés les héros. Ils vont se coucher sur des lits de fortune au premier étage d'un bâtiment vide, sans avoir eu l'occasion de demander à leurs hôtes où ils trouvaient leur nourriture.

Durant la nuit, Aurore est réveillée par un son magnifique (bien différent du hard-rock qu'écoute Hugo), qui semble venir d'en haut. Elle se lève pour le suivre, se retrouve sur le toit du bâtiment. C'est un des résident qu’Hugo soupçonnait d'être un agent des RG qui joue de la guitare à côté d'un feu de bois en fumant un joint.

Aurore s'approche de lui. L'homme lui avoue d'entrée de jeu qu'ils sont surveillés et suivis par les RG, et lui propose sa carte : s'ils ont le moindre problème, il leur suffira d'appeler un numéro de téléphone. Cependant, lui-même n'est qu'un simple exécutant, et ne connaît pas les détails de leur mission.

Aurore ne lui dit rien, et à la place ils passent un moment à discuter des vieux qui ont vécus la Crise, avec leur méfiance, leur paranoïa et leur méchanceté, alors qu'en fin de compte leur propre génération vit après l'Apocalypse, l'ère du Verseau. De fait, ils n'ont pas eu autant de gadgets technologiques, pas de télévision ni de « smartphone », mais ils ont toujours mangé à leur faim.

Une fois leur discussion terminée, Aurore redescend et se recouche. Mais elle a très froid et le dit à Hugo. Celui-ci se traîne jusqu'à son matelas en grognant, et l'enlace. Au cours de la nuit, elle se réveille et constate que leurs doigts sont entremêlés, mais elle ne se souvient plus qui a pris ceux de l'autre.

Le lendemain, Aurore se réveille au lever du soleil, sort dans la brume, songeuse, retourne voir Hugo qui se réveille en râlant, disant qu’il en déjà marre de cette mission, et que comme dans l'ancien temps, il veut prendre une douche chaude (peu probable à cette heure dans ce squat), un café (impossible), une clope (alors qu'il a arrêté de fumer depuis longtemps), allumer la télévision pour tomber sur des clips de rap où des quasi-adolescentes dansent lascivement sur des paroles obscènes, avant de prendre sa voiture pour aller faire un boulot idiot lui permettant de se payer des merdes qui ne lui servent à rien. Aurore lui demande d’être réaliste, lorsqu'ils sentent une odeur de café provenant de la cour de l'usine. Ils se lèvent, vont en prendre un.

Le Concierge leur montre alors la source de nourriture de la communauté. Puisqu'elle occupe un ancien site industriel complètement pollué, et qu'il est donc impossible d'y cultiver des plantes comestibles, ils y font pousser du chanvre absorbant les métaux lourds, le font brûler à basse température. La chaleur alimente des moteurs Stirling, dont l'énergie est utilisée pour des cultures hydroponiques installées dans des bâtiments de l'usine transformés en serre. Pour l'engrais, ils utilisent tout simplement l'urine recyclée des résidents. Enfin, les cendres du chanvre sont envoyées à une communauté de bioteks qui ont développés des bactéries capables d'en extraire les métaux lourds. En dehors de cela, les résidents de l'Eléphant passent leurs temps libre à fabriquer des robots géants.

Aurore s'interroge : cette communauté est du genre baba-cool, une joyeuse anarchie, mais elle se demande s'ils n'ont pas de tabous ou d'interdits, comme dans n'importe quel groupe humain. En l'occurrence, c'est le cas : bien qu'ils soient calés en mécanique, ils réprouvent totalement l'usage du réseau pour la transmission du savoir, et sont très stricts sur l'utilisation des écrans. Pour eux, le savoir ne peut se transmettre que d'humain à humain, directement, et non à travers une vidéo, point de vue avec lequel Hugo n'est absolument pas d'accord.

Dans la matinée, Hugo discute avec l'agent des RG, lui disant que tout compte fait, tout cela n'est qu'un prétexte pour passer des vacances avec sa fille, et qu'il se fout de leur mission. Mais que tant qu'à faire, autant que ce soit intéressant, et c'est pourquoi il ne facilitera pas la tâche de l'état français. Cependant, l'agent des RG a donné un numéro de téléphone à Aurore : Hugo dit qu'ils ne l'utiliseront qu'en cas de problème, et qu'ils seront prêts à coopérer par la suite. Mais qu'il entend bien, puisque l'agent des RG s'est engagé sur ce point, que s'ils l'utilisent (ce qu'ils ne feront qu'en cas de force majeure), la cavalerie arrivera sans tarder.

Dans l'après-midi, les héros se dirigent vers la poste de la communauté pour découvrir leur prochaine étape. Hugo sait que l'agent des RG veut aussi la connaître, et ruse pour lui cacher cette information en lançant plusieurs fois de suite le logiciel, à chaque fois en introduisant un code différent.

Une navette les amène à Châteauroux. Ils sèment dans la ville des agents qui les suivent, et prennent un taxi qui les mène à l'étape suivante : L'Axolotl SERIEUX, une communauté de bioteks installée dans une zone commerciale en ruine à proximité de Châteauroux.

Suite : L'Axolotl SERIEUX

vendredi 5 août 2016

Les dragons stochastiques : le sommaire

J'ai de longue date dressé le plan de ce roman. Le voici, avec pour chaque chapitre les thèmes qui y seront abordés. A noter que la plupart des ceux-ci ont pour noms les phalanstères que visiteront les héros :

L'attente


Préparation de la mission.

Les premières stations


2  - L'escargot Bleu


Agriculture intensive vs. agriculture biologique, et implication dans le futur.

3 - Paradigme de la singularité du grand éléphant


Comment tirer partie d'une terre polluée - chanvre, cycle énergétique, machine de Stirling et serre hydroponique.

4  - L'Axolotl SERIEUX 


De l'implication de l'application de la philosophie de l'open-source à la recherche génétique.

Le coeur de la route


5  - Le scarabée sur la fontaine


Libertarianisme, transhumanisme et promesse d'immortalité artificielle.

6  - L'Hippocampe Rieur


Nomadisme dans un monde en ruine : comment en exploiter les ressources ?

7 - Urbex 31


Dans un monde en ruine, découvrons le passé...


8 - [Censuré]


Chapitre censuré, laissé à la libre appréciation du lecteur.

L'échec


9  - Rayon de soleil pourpre du crépuscule entre les branches dénudées par l'hiver précoce


Astrophysique, choix de vie et symbiose dans la forêt.

10  - Oxydant vaincra


La violence : qu'en faire ? L'éliminer ou en faire quelque chose d'utile ?

Non-retour


11 -  Le panda sans adjectif (au début on avait pensé à "Le panda tout court" mais des gens l'appelait Le Panda tout court (sans rien derrière, pas "Le panda tout court") alors on a préféré l'appeler comme ça)


L'acier ou le végétale ? Ce ne sera pas la décision la plus difficile qu'auront à prendre nos héros.

La destination


12 - La décharge du Paradis


Que deviennent ceux qui n'ont leur place nulle part ?

Le retour


13 - Le renard suivant des yeux la nuée d'oiseaux sauvages s'envolant du désert


Voler dans un monde où la haute atmosphère est saturée de plutonium, est-ce encore possible ?

14 - Retour à la Fourmi


De retour chez eux, quelles nouvelles attendent nos héros ? Et peut-on vraiment penser qu'ils ont accomplis leur mission ?

Annexe : les livres de la Fédération


Le Léviathan déchiqueté


Le Léviathan de Hobbs paraissait un mal nécessaire. Les nouvelles technologies ont remis en cause cette idée. Mais comment passer de la Pyramide hiérarchique au Réseau décentralisé ?

Le panopticon foudroyé


Le panopticon, c'est notre monde. Sur quelle valeur doit-on se baser dans un monde complètement transparent ?

Le Bouc émissaire épargné


Le désir mimétique de René Girard est un fait acquis. Mais comment le dépasser ? C'est dans ce livre qu'est défini l'Ethos, qui a une grande importance dans ce roman.

mercredi 3 août 2016

Les Dragons Stochastiques : Les premières stations - L'escargot bleu.


Suite du résumé des Dragons Stochastiques : nos héros sont désormais sur la route... Ici, la première sous-partie de la seconde partie principale. Un sommaire détaillé apparaîtra très prochainement sur le site. Les divisions seront alors plus clairs.

Lien vers la première partie : Les Dragons Stochastiques, première partie : l'Attente


2. Les premières stations


2.1 L'escargot bleu


Le lendemain, ils se réveillent à cinq heures du matin. Durant la semaine, ils ont utilisés l'ordinateur de la poste de la Fourmi pour déterminer la première étape de leur voyage : L'escargot bleu, une communauté agraire ressemblant à une ancienne AMAP, située à une vingtaine de kilomètres de Paris, avec laquelle La Fourmi a des relations privilégiées : en échange de la maintenance de leurs machines et du travail d'une quinzaine de membre de la Fourmi chaque mois, l'Escargot Bleu fournit de la nourriture à La Fourmi. Ils font le trajet dans une camionnette utilisée pour le transport des récoltes.

Arrivé à l'Escargot, les membres de la Fourmi sortent les cageots vides de la camionnette, puis la remplissent avec les récoltes, tandis qu’Hugo salue Geneviève, la "matriarche" de l'Escargot.

Pendant que son ordinateur calcule leur prochaine étape, elle explique à Aurore l'organisation de leur communauté : au lieu d'une monoculture comme dans l'ancien temps, ils font pousser des forêts comestibles.

Hugo semble se désintéresser de son discours, sans doute parce qu'il n'est pas assez technique à son goût.

L'ordinateur donne son résultat : ils doivent se rendre à Paradigme de la singularité du Grande éléphant, une communauté située à Diors, près de Châteauroux. Ce qui implique de retourner sur Paris pour prendre un train à la Gare d'Austerlitz.

Mais si l'allée n'avait pas posé de problèmes puisque l'un des résidents était allé à l'arrière de la camionnette tandis que les héros occupaient les deux places passagers, là, l'arrière est trop remplie pour que ce soit possible. Et faire le trajet en transport en commun prendrait trop de temps et reviendrait trop cher.

Hugo se dit que c'est débile, puisqu'on parle de seulement vingt kilomètres - mais en même temps ce sont des kilomètres d'aujourd'hui, pas des kilomètres d'avant la Crise, à l'époque où l'essence était bon marché, et où les voitures pouvaient rouler à plus de cinquante kilomètre-heure.

Finalement, tout se résout lorsque l'un des résidents de La Fourmi décide de passer la nuit à l'Escargot. Il faut dire qu'il est attiré par une résidente de cette communauté, qui a horrifié Aurore puisqu'elle ne s'épile pas les jambes bien qu'elle porte un short.

Une fois dans la camionnette à destination de Paris, Aurore fait part de son découragement : elle pensait pouvoir faire un premier travail d'enquête sociologique sur le terrain, mais se rends compte que passer une journée ou deux dans une communauté est insuffisant pour cela. Hugo tente de la rassurer, lui dit que même une vision parcellaire est profitable.

Plus tard, Aurore lui reproche de mépriser les membres de la communauté de l'Escargot. Hugo s'inscrit en faux : pour lui, les membres des communautés agraires, rendant la vie aux terres appauvries par l'agriculture intensive, ont carrément fait une chose que des ingénieurs de la NASA n'avaient pu que rêver : ils ont pratiquement terraformé un désert stérile.

Durant le trajet, des policiers soupçonneux arrêtent la camionnette. Tandis qu'Aurore leur fait de grands sourires, Hugo a glissé des tickets d'entrée pour la Fourmi (ce qui est pratiquement devenue une monnaie parallèle) dans son passeport.

Arrivés à la Gare d'Austerlitz, ils croisent To, un membre de la Fourmi qui s'occupe de leur chien de garde, faisant la manche à l'entrée de la Gare. Il leur souhaite bonne chance.

Ils trouvent rapidement un train pour Châteauroux. A la moitié du trajet, une tempête de pollen se lève, et le train est obligé de s'arrêter de longues heures. Pendant ce temps, Aurore pose des questions à Hugo au sujet des communautés : le but des articles du Manifestes des phalanstères ("Article 1 : la raison d'être d'une communauté est de subvenir aux besoins essentiels de tous ses membres présents et futurs."), comment Hugo est entré à la Fourmi, et surtout, qu'est-ce que l'Ethos, un concept dont ils parlent souvent. Le train repart finalement pour s'arrêter à mi-parcours, dans une gare anonyme.

Hugo, en rage, se dit qu'ils vont rester coincés dans ce trou jusqu'au lendemain matin, tandis qu'Aurore discute avec un jeune homme possédant une voiture, qui leur propose de faire le trajet jusqu'à Châteauroux : avoir des passagers lui permettra de ne pas devoir payer d'amende si jamais il se fait contrôler par la police, puisque le covoiturage est obligatoire pour les véhicules à essence ou à gaz.

Ils voyagent donc en voiture sur la route mal entretenue jusqu'à l'Eléphant. Durant le trajet le conducteur demande à Hugo s'il a connu Mills Davis. Ils discutent d'écologie, du comportement des gens avant la Crise, proprement inconscients à polluer la planète sans se soucier des conséquences. Hugo explique son point de vue, dit que ce n'était pas facile de s'en rendre compte à l'époque, puisque ces problèmes paraissaient secondaires, et que tout était fait dans le système pour que personne ne s'y intéresse.

Durant une étape, ils changent de place : Aurore se met devant, Hugo à l'arrière. Il se réveille lorsque la voiture quitte la route pour atterrir dans un cours d'eau. Bien qu'il y a plus de peur que de mal, Hugo engueule le conducteur pour son inconséquence, et ils se mettent à marcher, le conducteur en direction de Châteauroux, à la recherche d'un garagiste, les héros en direction de Paradigme de la Singularité du Grand Eléphant.

Suite : Paradigme de la singularité du grand éléphant.

dimanche 31 juillet 2016

Les Dragons Stochastiques, première partie : l'Attente.

J'ai passé l'année précédente à rédiger ce synopsis très détaillé de mon roman, mais les vicissitudes de la vie ont fait que je l'ai un peu laissé de côté. Ce soir, à l'occasion d'une discussion sur Twitter, j'ai éprouvé le désir de le partager. Voici donc le résumé de la première partie. Les autres parties suivront très prochainement.

1. L'attente.


Paris, 2037, longtemps après la Crise.

Hugo est un ancien cadre vivant dans une communauté autogérée sise dans l'ancien centre commercial de la Place d'Italie, La fourmi courant sur le béton en portant une brindille plus grande qu'elle. Il s'agit d'un atelier communautaire. En échange d'un droit d'entrée à la journée, les clients peuvent utiliser les machines qui s'y trouvent regroupées en différents ateliers : imprimantes 3D, machine à coudre, découpeuse laser, four à céramique, etc.

Hugo travail à la Forge avec Marc, son maître de forge. Ce dernier lui a fabriqué son corset orthopédique lui permettant de ne pas ressentir la douleur permanente à cause d'un accident ayant endommagé sa colonne vertébrale.

Lorsqu’Hugo ne s'occupe pas de la maintenance des machines, ou de l'assistance aux clients dans leurs productions, il créer ses propres pièces, comme en ce moment, un masque de métal.

La matière première a été récupérée sur la carcasse d'un avion furtif qui s'est écrasé près de Paris durant la dernière guerre. "Je me fais un masque dans la peau d'un monstre disparu", songe-t-il. La plupart des gens portent des masques à l'extérieur pour se protéger des tempêtes de pollen et de la pollution, bien qu’Hugo pense qu'elle est moindre qu'avant la Crise.

L'organisation de l'atelier communautaire permet à Hugo de ne travailler que quatre heures par jours. Il finit sa demi-journée de travail à la Forge, croise dans le couloir sa fille Aurore (alias ThµYia), va déjeuner avec elle.

Aurore est la fille d'une ex-petite amie d’Hugo. Elle s'est présentée à lui un an auparavant, lorsqu'elle est arrivée sur Paris pour entreprendre des études d'ethnologie.

Hugo, bien qu'évasif sur le sujet, se souvient qu'il ne sait toujours pas si elle est sa fille ou sa belle-fille. Aurore est nerveuse : elle travaille à titre personnel sur un projet de rêve lucide commun avec des rêveurs disséminés dans le monde entier, et demande à Hugo si elle peut dormir dans son appartement pendant une semaine. En effet, le but de son expérience du moment est de s'enregistrer en train de dormir, et, lorsqu'elle deviendra consciente de ses rêves, d'envoyer un signal aux autres participants de l'expérience qui la surveilleraient à travers le réseau (descendant d'internet, en plus lent). Sa demande est justifiée parce que La Fourmi possède le réseau le plus rapide qu'elle connaisse. Hugo est d'abord réticent : lorsque Aurore est arrivée sur Paris, elle a habité quelques semaines dans son appartement avant d'en trouver un, et leur cohabitation a été difficile vers la fin. Finalement, il accepte.

L'après-midi, Hugo assiste à l'assemblée générale de La Fourmi. Pour mener celle-ci, les participants utilisent un langage des signes permettant presque de faire émerger l'intelligence collective de l'Assemblée, comme si elle était un être conscient dont la sagesse serait supérieure à la somme de ses parties. Les groupes de travail se succèdent, jusqu'au porte-parole du groupe Energie et Progrès, Arthuro, un grand Noir tiré à quatre épingle. Il informe l'AG qu'il a pris contact avec un homme affirmant avoir découvert la fusion froide, et prêt à faire une démonstration, demande à l'AG si ce projet est compatible avec l'Ethos de la communauté.

L'AG est d'accord. Pas Hugo, qui s'insurge, prend la parole à la suite d'Arthuro. Pour Hugo, l'idée de fusion froide est une hérésie : si durant la Crise personne n'a été en mesure de la développer malgré l'intérêt qu'elle représentait tandis que le pétrole s'épuisait, c'est qu'elle est impossible. Il doit donc s'agir d'une supercherie, et se fourvoyer dans cette voie entacherait la réputation de La Fourmi. Mais ses arguments ne convainquent pas l'AG. Au contraire, celle-ci suggère qu’Hugo serait le mieux désigné pour tester cette invention.

Après l'AG, Arthuro lui propose de discuter ensemble dans les locaux du groupe de travail Energie et Progrès. Ils y rencontrent Hélène, une experte en physique nucléaire ayant abandonnée la recherche universitaire pour travailler à La Fourmi parce qu'elle avait été dégoûtée par le système officiel, et que la communauté lui permettait d'avoir du temps libre pour se consacrer à ses propres projets. Arthuro pense que l'AG a eu raison de désigner Hugo pour procéder aux tests de l'invention, puisqu'il est le plus sceptique d'entre tous : si lui est convaincu, Arthuro pourra être sûr qu'elle n'est pas une supercherie.

Durant cette conversation, quelqu'un transmet une lettre anonyme à Arthuro, qui a été laissé sur le lieu de réunion de l'AG. L'auteur explique que si Hugo accepte cette mission, il pourrait lui donner des réponses au sujet de sa filiation avec Aurore.

En effet Hugo sait qu'Aurore est la fille d'une de ses anciennes conjointes mortes depuis, mais il ne sait pas s'il est son père. Dans l’ancien temps il aurait suffi d’aller chez des bioteks pour faire un test de paternité pour une somme modique, mais depuis l’épidémie de virus recombinant survenue il y a quinze ans, la PCR ne présente plus aucune fiabilité. Il est nécessaire d’user de méthode plus précises – et donc plus chère.

C'est pourquoi le seul moyen qui pourrait lui offrir une certitude sans dépenser une somme exorbitante (et garantissant un résultat fiable puisqu’assermenté) serait de passer par un tribunal, mais cette procédure est devenue très longue. Or, l'auteur de la lettre anonyme affirme avoir des contacts au tribunal susceptible d’organiser un rendez-vous dans la semaine.

Hugo, ulcéré que l'on puisse essayer de l'acheter ainsi, refuse la proposition.

Le soir, il rentre dans son appartement situé au dernier étage de la tour au-dessus de l'ancien centre commercial. Il prend une douche, regarde dans le miroir son visage mutilé et réparé pauvrement par des chirurgiens à l'aide de cellule souche, songe au passé, à la Crise, puis s'attelle à son plus important projet : créer des systèmes mécaniques collectant le plastique pour nettoyer les océans. En effet, les fragments de plastiques qui les polluent tuent le plancton, premier producteur d'oxygène sur Terre. Hugo effectue des simulations informatiques pour voir si les derniers modèles proposés par les participants du projet peuvent éviter la mort de l'humanité.

Lorsqu'il a fini, il découvre un email : comme le lui a promis Arthuro durant l'après-midi, c'est le dossier complet de ses dialogues avec l'inventeur.

Ce dernier apparaît dans des visioconférences qu’il a faite avec Hélène. L'inventeur, Josselin, est un cinquantenaire très musclé, le torse couvert de tatouage. Malgré son scepticisme, Hugo fait tout de même des recherches sur le sujet durant le reste de la nuit.

Le lendemain soir, comme tous les mercredis, Aurore se rends à la Fourmi pour dîner et passer la soirée avec Hugo. Elle le retrouve au cybercafé, fatigué, travaillant sur quelque chose qu'elle ne comprend pas.

Tandis qu'ils montent ensemble dans son appartement, Hugo lui dit qu'il aura besoin de ses services. Arrivé chez lui, elle voit le masque de métal qu'il a créé. Elle ne le trouve pas beau, mais impressionnant.

Ensuite, Hugo dit à Aurore qu'il a besoin de son intuition pour savoir ce qu'elle pense des vidéos de Josselin.

Après avoir vue celle-ci et analysé ses tatouages (dont un triskèle en entrelacement, inscrit dans un cercle au niveau de son coeur), Aurore lui dit qu'à son avis il est digne de confiance.

Hugo lui explique alors qu'il s'agit d'un chercheur ayant travaillé au Projet ITER à Cadarache, avant la Crise, avant de devenir indépendant. Il décrit aussi la proposition d’Arthuro : cet inventeur a peur d'être rattrapé par les renseignements généraux français, et se cache donc dans une communauté.

Aussi, Hugo devrait utiliser le service du courrier des communautés, un système compliqué garantissant l'intraçabilité entre l'origine et la destination. Cela implique de voyager de communautés en communautés sans connaître la destination finale, en transportant une contremarque dont le contenu est connu du destinataire (en l'occurrence, un paquet de la taille d'un livre de poche, que Josselin a préalablement envoyé à Arthuro).

Mais de toute façon selon Hugo, Josselin est un escroc qu'il soupçonne de proposer son invention à la Fédération, avec ce plan alambiqué, à seule fin que les renseignement généraux s'y intéressent et finissent par la lui acheter.

Malgré cela, Aurore, enthousiaste, tente de convaincre Hugo d'accepter cette proposition : cela leur permettrait de faire un voyage ensemble. De plus, elle pourrait acquérir de l'expérience sur le terrain en rapport avec ses études d'ethnologie.

Hugo utilise alors un logiciel de carte heuristique avec lequel il énumère les arguments contre cette idée : il ne peut pas se déplacer à cause de son dos, il ne croit pas à la fusion froide, etc. Manipulant littéralement les pensées d’Hugo en déplaçant ses arguments sur la carte, Aurore les réinterprète pour en faire des arguments en faveur de ce voyage. Par exemple, la marche pourrait s'avérer meilleure pour son dos que le travail statique à la Forge, etc.

Finalement, Hugo accepte ses propositions - mais n'envisage pas encore d'amener Aurore avec lui, d'autant qu'elle s'est engagée auprès de son groupe de rêveur à mener à bien son expérience sur le rêve lucide. Ce n’est qu’après avoir accepté qu’Hugo lui dit aussi, comme un détail, que cela leur permettrait de procéder à un test de paternité fiable – ce qu’Aurore n’a jamais souhaité faire, mais elle n’en fait pas état à Hugo. En effet elle a l’impression que quelle que soit l’issue de ce test, négatif ou positif, il aura des conséquences sur leur relation.

Comprenant que son acceptation est soumise à la réussite de son expérience, Aurore la mène à bien dès la première nuit. D'ailleurs, ce rêve est étrange. Elle s'y voit dans le rôle d'une espionne genre Mata-Hari, rencontrant Josselin sur une île.

Le lendemain Hugo en parle avec Marc, puis va voir Arthuro pour lui dire qu'il accepte, à une seule condition : qu'il convainc l'inventeur d'accepter qu'Aurore l'accompagne.

Pendant ce temps, Aurore décrit l'organisation de La Fourmi, s'interroge sur la notion de temps de travail, et commence à organiser le voyage à l'aide de quelques membres de la communauté.

Un jour, ils ont une visioconférence avec Josselin. Hugo le provoque en le traitant d'escroc, ce à quoi l'inventeur rétorque qu'il est impatient qu'ils se rencontrent, pour lui prouver qu'il a tort. Hélène, qui a assisté à la visioconférence, bouillonnante de rage, reproche à Hugo d'avoir braqué Josselin. Hugo explique que ce n'est pas le cas, et qu'au contraire, la conversation s'est très bien déroulée.

La semaine commence avec une nouvelle rotation pour Hugo : il a passé plus de deux mois à la Forge, et doit donc travailler dans un autre atelier, à choisir parmi trois propositions. Il se trouve qu'Hélène travaille en ce moment à l'atelier Couture, ce qui lui permet de mettre ce temps à contribution pour qu'elle lui enseigne des bases en physique nucléaire. Alors qu'ils se détestaient, ils finissent, non pas s'apprécier mutuellement, mais par se respecter.

Aurore les rencontre un jour pour leur dire où elle en est de la préparation du voyage, montre à Hugo la liste des contenus de leurs sacs respectifs. Elle a peur qu’il ne soit pas d'accord, mais finalement il lui dit qu'elle n'aurait pas pu mieux se préparer. En revanche, Aurore a besoin de chaussures de marche, à la place de ses bottines à talons hauts.

Ils vont donc voir un ancien militaire possédant un simulateur de marche avec réalité virtuelle, pour lui fabriquer des chaussures sur mesure. Aurore, par défi, marche sur le tapis roulant bien plus longtemps qu'il n'est nécessaire pour recueillir les données utiles à la fabrication de ses chaussures - pendant plus de cinq heures.

Enfin vient la veille de leur départ, un dimanche. Ils passent la journée ensemble, assistent à une exposition sur les mouvements révolutionnaires d'avant la Crise, d’Anonymous au Amazones, en passant par les Indignés et NuitDebout. Alba, une camarade de classe d'Aurore qu’Hugo a déjà rencontré et qu'il apprécie, les rejoints. Celle-ci, fille d'un riche industriel, lui donne un numéro de compte en banque en cas de problème.

Une fois sortis de l'exposition, Aurore et Hugo vont dans un restaurant qu'appréciait beaucoup la mère d'Aurore, lorsqu'elle sortait avec Hugo. C'est la première fois qu’Hugo parle d'elle sans que ce soit négatif. Aurore lui demande ce qu'il a pensé de l'exposition, étant donné que ces mouvements révolutionnaires sont l'embryon dont est issu les communautés qui parsèment la France tandis que le reste de la population a préféré voter pour des mouvements plus autoritaires ; Hugo a plutôt l'impression que c'était un brouillon, une idée venue trop tôt, une branche disparue de l'évolution, par rapport à ce qui a été développé par la suite.

En rentrant à La Fourmi, ils croisent Marc qui leur donne à chacun un cadeau : pour Hugo, un couteau papillon en titane, invisible lorsqu'il est inséré dans son corset orthopédique au niveau de sa nuque, et pour Aurore, un pendentif qui, une fois brisé, révèle une lame en obsidienne, plus tranchante qu'une lame de rasoir.

Aurore et Hugo passent leur dernière nuit dans son appartement, à regarder un film. Alors qu’Hugo est endormi, Aurore médite sur le monde, et sa place dans celui-ci, tout en pensant à ce qui l'attendra le lendemain.