mercredi 5 avril 2017

Les dragons stochastiques : Oxydant vaincra

Lien vers la partie précédente : Rayon de soleil pourpre du crépuscule entre les branches dénudées par l'hiver précoce

10 - Oxydant vaincra.

Il s'agit d'une communauté de néonationalistes (alors que l'idée de nation telle que définie au XXème siècle a vécu), monarchiste, adeptes des anciennes religions monothéistes.

Tandis qu'un pick-up arrive sur la place poussiéreuse avec à l'arrière un cadavre de cerf, Hugo et Aurore conviennent de passer un minimum de temps dans cette communauté, se dirigent le plus vite possible vers la poste. Là, une surprise de taille les attend : l'étape suivante correspond à cette même communauté, ce qui signifie qu'ils sont théoriquement arrivés à destination.

Pourtant, ils ne voient pas Josselin. Sur la place, un homme commence à dépecer le cerf. Malgré son dégoût, Aurore constate que ses gestes sont empreints de respect, presque religieux.

Le chef de la communauté reçoit les héros. Il leur demande s'ils cherchent quelqu'un, et s'ils ont été suivit. Après qu'ils aient donné des réponses qui le satisfont, le chef leur dit que Josselin était effectivement ici il y a quelques semaines, mais qu'il est ensuite parti. Et comme il n'avait pas totalement confiance dans le service du courrier de la Fédération, il leur a laissé sa localisation dans une enveloppe scellée, avec instruction de ne la donner à ceux qui le cherchent que s'ils réussissent deux épreuves : pour Hugo, gagner au combat au couteau contre leur champion (Hector), et pour Aurore, mettre à mort un animal durant une chasse.

Hugo fulmine contre Josselin. Finalement, les héros sont d'accord pour se soumettre à ces épreuves, bien qu'Aurore ne sait absolument pas ce qu'elle fera à l'instant fatidique : sa mission mérite-t-elle le sacrifice d'un être vivant ?

Hugo commence - un combat à l'aide couteaux factices, et malgré son infirmité gagne le combat en moins d'une seconde en marchant sur les pieds de son adversaire pour le faire tomber, ce qui est un mouvement sans honneur. Hugo rétorque que dans un combat à mort, il n'y a pas d'honneur qui tienne.

Durant la soirée a lieu une assemblée générale. Le bâton de parole utilisé par les résidents est un antique revolver chargé (pour ne jamais oublier que celui qui prend la parole a le droit d'exprimer toute opinion... mais qu'il doit aussi en assumer les conséquences). La principale question est de savoir si la victoire d’Hugo est valide. Finalement, il est décidé par consensus qu'il mérite la victoire, ce qui provoque la colère d’Hector.

Plus tard ils font la fête en buvant du cidre à huit degré et en pogotant sur de la techno-yiddish, du metal industriel allemand et de la taqwacore (punk islamique). Aurore discute avec les membres de la communauté pour comprendre leur point de vue : à une époque où tout le monde a tellement peur de revenir à la Crise que plus personne ne fait la guerre, il faut bien entretenir des attitudes viriles, sans quoi la société devient mollassonne, et lorsque les Envahisseurs (des Pays du Sud, du Nord, ou d'autres planètes) débarquent, ça ressemble aux Invasions Viking. Aurore leur reproche de pratiquer le culte de la violence. L'homme avec lequel elle discute n'est pas d'accord : la violence fait partie de la vie et en fera toujours parti, et c'est pourquoi il faut la cultiver - comme on cultive un jardin, en enlevant les mauvaises herbes - et donc la rendre utile, la canaliser pour qu'elle n'atteigne que les cibles qui le méritent, c'est-à-dire les puissants et les manipulateurs, et non les faibles et les opprimés.

La soirée se poursuit avec un concours de haïkus guerriers. Aurore, pensant au cerf tué dans l'après-midi, se lève pour en déclamer un haïku, émouvant, parlant plus des souffrances des victimes que de la bravoure au champ de bataille. Contrairement à ce que craignait Hugo, elle ne se fait pas huer, et au contraire le silence se fait, qui ne dure pas puisqu'un homme prend rapidement sa place au centre de l'assemblée. Mais Hugo sait que même si les résidents n'en sont pas conscients, Aurore a planté une graine dans leur coeur.

Le lendemain a lieu une partie de chasse dans la forêt. Hector et les héros accompagnés de cinq hommes traquent un sanglier de plus de deux cents kilos.

De justesse, ils arrivent à l'abattre d'un coup de fusil dans la face alors qu'il chargeait. Un des hommes tend une dague à Aurore, lui explique comment achever le sanglier couché sur le flanc, lui dit de ne pas s'inquiéter, que c'est dans l'ordre des choses, qu'ils ne font pas cela par haine, mais pour éviter qu'il n'abîme les récoltes.

Aurore se penche vers la bête au souffle puissant, regarde son oeil, hésite longtemps, se disant que même si elle ne le fait pas ce sanglier mourra de toute façon, et qu'à ce point il serait hypocrite de refuser de se salir les mains. Elle enfonce la dague dans l'oreille du sanglier un peu après que sa respiration se soit arrêtée, ce qui fait dire à Hector qu'elle a attendu que son coeur ait cessé de battre pour ne pas avoir sa mort sur la conscience. Et donc, que ces deux étrangers sont des tricheurs et des manipulateurs.

Finalement Hector défit Hugo en combat singulier, avec cette fois de vrais couteaux. L'un des acolytes en tend un à Hugo, et s'il meure, ils prétexteront un accident de chasse.

Hugo lâche son couteau. Il ne veut pas se battre, se retourne, met Hector au défi de le frapper dans le dos. Hector lui donne un coup de pied dans le dos, ce qui fait tomber Hugo, puis le frappe à terre.

Dégoûté par son refus de se battre, il déchire l'enveloppe contenant la localisation de Josselin – un papier très fin, et y met le feu. Puis, il jette les cendres dans un torrent à proximité. C'est assez pour qu’Hugo se relève, furieux. Réjouis, Hector se met en garde. Rapide, Hugo le frappe d'un coup de poing dans le visage. Le combat continue dans la rivière, et là, Hugo plonge Hector dans l'eau, le noyant presque à plusieurs reprises, et lui soutire la promesse de ne plus jamais tuer quiconque, ni animal ni humain.

De retour dans la communauté, ils prétextent un accident de chasse pour justifier le visage tuméfié d'Hector. Hugo révèle la vérité au chef d'Oxydant : leur discours sur la nécessité de cultiver la violence est vain s'ils laissent croître en leur sein un serpent capable de telles abjections. Le chef, conscient de la faute d'Hector, lui demande comment il pourrait se dédouaner. Hugo, dégoûté, lui dit qu'ils n'ont plus rien à faire avec eux.

Lien vers la partie suivante : Le panda sans adjectif.

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